La légende de Saint-Trivier
Vers l’an 538, THEODEBERT, petit-fils de Clovis et roi d’Austrasie (royaume oriental de la Gaule Franque), revenait dans sa capitale de Metz, après avoir chassé les Ostrogoths de Provence et guerroyé en Italie. Parmi les prisonniers, il ramenait deux jeunes seigneurs RADIGNESEL et SALSUFUR, originaires d’un village, UTINGE du pays de DOMBES, où coule un ruisseau appelé MOIGNANS.
Conduits en Flandre, les deux captifs furent rachetés par l’Abbé du monastère de WISERNE, près de Thérouanne (aujourd’hui dans le Pas-de-Calais). Cet Abbé chargea l’un de ses moines de reconduire les deux jeunes gens dans leur pays et de négocier leur liberté.
Ce moine, nommé TRIVIER, était né dans le territoire des Cadurces, aujourd’hui le Quercy.
Après s’être acquitté de sa mission, Trivier se fixa dans le village. Il ne demanda qu’une petite cellule d’ermite et un jardin, avec la garde des troupeaux de ses maîtres. Il mourut en odeur de sainteté le 16 janvier 550. Des miracles se produisirent sur son tombeau, attirant du peuple et favorisant la formation d’un bourg, qui devait prendre plus tard, le nom de SAINT TRIVIER SUR MOIGNANS.
Les habitants élevèrent sur sa tombe, un petit édifice de bois qu’une Dame appelée EPIPHANIE ou EMENONE, remplaça une cinquantaine d’années plus tard, par une chapelle en pierre consacrée en 602, par SECONDIN, archevêque de Lyon. Cette chapelle existait encore, en dehors des murs de la ville, au XVIIème siècle. Il ne s’y faisait aucun service, si ce n’est le jour de Saint-Trivier, “où il y avait beaucoup d’oblations de pieds de porceaux et d’argent”.
L’église paroissiale, qui appartient au groupe des églises romanes de la Dombes, mais qui a été entièrement reconstruite en 1733, est placée sous le vocable de saint Denis et Saint Trivier.
Comme fief, Saint-Trivier était originaire du patrimoine des anciens Comtes du Forez et de Lyon. Vers le milieu du XIIème siècle, EUSTACHE, Comte du Forez, l’inféoda à GUICHARD III, sire de Beaujeu. Cette inféodation fut renouvelée jusque vers 1177, date à laquelle le sire de Beaujeu la porta en mariage au chevalier GUI DE CHABEU. Les descendants de ce dernier prirent le titre de SEIGNEURS DE SAINT-TRIVIER, et jouirent de la seigneurie sous la suzeraineté des sires de Beaujeu et des ducs de Bourbon
Cette terre fut érigée en BARONNIE vers 1450. Des CHABEU, elle passa successivement aux CLEBERG (1554), à Jacques MOIROU, Lieutenant Général en la Sénéchaussée de Lyon (1625) à la CHARITE DE LYON (par testament en 1651) qui la céda le 16 décembre 1770, à Mr LOUIS BELLET DE TAVERNOST, chevalier d’honneur au Parlement de Dombes, dont la famille en jouissait encore en 1789.
SAINT-TRIVIER était une bourgade fortifiée dont les fossés ont été comblés. Il ne subsiste des murailles aujourd’hui, que celles de la ferme des remparts au sud du village. Le château a complètement disparu. Avant 1790, Saint-Trivier était le chef-lieu de la première Châtellenie de Dombes.
Après la révolution, Saint-Trivier était la MUNICIPALITE chef-lieu de canton, district de TREVOUX.
Les habitants de Saint Trivier sur Moignans s’appellent donc les utingeois et les utingeoises.
Avec SAINT TRIVIER DE COURTES, nous partageons le privilège d’être les deux seules communes françaises à porter le nom de SAINT TRIVIER.
Les différentes dénominations de Saint Trivier sur Moignans à travers les âges :
- Utinge, Uttinge, Huttinge, Utinga villa (Vème siècle),
- Sanctus Trivierus, puis Sanctus Trivierus in Dumbis (XIIIème siècle),
- Saint Trivier en Dombes jusqu’en 1792,
- Pont Moignans vers 1792, puis Saint Trivier sur Moignans.
Le blason de Saint Trivier
L’ancien blason de Saint Trivier était celui de la famille des CHABEU, qui furent seigneurs de Saint Trivier de 1177 à 1513, date de l’extinction en ligne masculine.
Monsieur CHAIX, président du REGAIN (Recherches des Etudes Généalogiques de l’Ain), nous a proposé et gracieusement dessiné le nouveau blason, plus spécifique à notre commune. Il y a joint des précisions dont nous rapportons ici quelques extraits : « l’actuelle commune de Saint Trivier s’étend sur des hameaux dont certains furent des paroisses, et mieux encore, des fiefs d’une certaine importance. L’un deux, BEREINS, fut érigé en comté en 1644. Ces terres n’appartenaient pas au CHABEU, mais à d’autres familles féodales ou seigneuriales d’une importance égale »…Voilà pourquoi… « il semble plus normal, tout en conservant l’essentiel des armes des CHABEU, de les corriger afin de mieux rendre compte du passé de la commune actuelle. Ainsi, l’aménagement de la bande de gueules en une bande crénelée, traduit le fait que Saint Trivier est un bourg fortifié ». Les fiefs particuliers qui sont aujourd’hui des lieux dits ou hameaux sont symbolisés par quatre points rouges. Ce sont MONTAGNEUX, MONS, PERCIEUX, et surtout BEREINS, érigé en vicomté en 1644 et en comté en 1649 (d’où la couronne comtale qui le caractérise).
Le blason s’énonce « d’or à la bande crénelée, accostée d’un besant chargé d’une couronne comtale du champ à dextre, et de trois besants plus petits à senestre, le tout de gueules ».
Téléchargez le blason, en cliquant ici !